LA MINISTRE DE LA JUSTICE FACE AUX JEUNES DE L EPM

Visite de Dati à Marseille : un dialogue difficile avec les jeunes délinquants


Publié le samedi 5 juillet 2008 [url=mailto://dtrossero@laprovence-presse.fr]dtrossero@laprovence-presse.fr[/url]


Comme si deux cultures s'entrechoquaient tout à coup. Dans une salle de réunion de l'Etablissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) de Marseille, douze jeunes délinquants ont formé un demi-cercle face à la ministre. Pendant une demi-heure, Rachida Dati a tenté hier d'instaurer un dialogue. La plupart ne sont pas des enfants de choeur. Ils ont parfois commis l'irréparable. Viol en réunion, meurtre, incendie volontaire, trafic de stups…

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Le choc des mots, le poids de deux mondes. Quand la ministre parle "fermeté", "responsabilisation", "récidive à éviter", la voix des jeunes, tous âgés de 13 à 18ans, lui répond "erreur" ou "bêtise". La plupart ont croisé les mains. Faussement timides. On les sent rebelles. "C'est la première fois que vous êtes condamné ?" demande Rachida Dati. "Oui", réplique l'un. "Non", glisse l'autre, en baissant à peine la tête. Une juge des enfants intervient: "Vous ne pouvez pas dire que vous n'êtes pas avertis!"

La ministre insiste: "À 18 ans, vous n'aurez plus le choix. Le régime change. La prison, elle sert à protéger la société si on n'a pas compris." Rachida Dati goûte peu le discours à la guimauve. Et quand un jeune tente de plaisanter, le ton de la ministre change. Elle ne rigole plus. "Vous n'avez plus le choix maintenant", martèle-t-elle.

Les jeunes lui confient leur envie de revenir dans leur environnement initial. "Ils veulent nous placer au foyer de force", lâche un des mineurs. "Non, il faut un sas", rectifie la ministre. Une sorte de transition réinsertion pour éviter de retomber dans les mêmes dérives. Parmi ses interlocuteurs, il y a justement un des jeunes qui ont enflammé le bus de la ligne 32 en octobre 2006 et failli donner la mort à Mama Galledou. "C'est pas pareil quand on le fait pas exprès !" lance-t-il. A-t-il vraiment compris, de longs mois après son procès, ce qu'il faisait là ? On peut en douter.

Deux mondes qui s'entrechoquent. Rachida Dati veut savoir si on a évalué le taux de récidive. "C'est encore un peu tôt. Le centre pour mineurs vient d'ouvrir", glisse un juge des enfants. Un autre des jeunes ne comprend pas ce qu'il fait là. 4 mois de prison ferme pour stups. "C'est la première fois !", s'exclame-t-il, sur le ton de l'erreur judiciaire. On apprendra qu'il transportait 7,5 kg de drogue…

Quand le ministre part, le couvercle saute. Qu'attendaient-ils vraiment? Une absolution ministérielle? Ils jettent des crayons sur le cortège ministériel, hurlent "Rachida !" et quelques gracieusetés que tout le monde s'efforcera vite d'oublier.

Par Denis Trossero

Mme Dati a-t-elle était cette fois confrontée à la douce réalité des EPM? Je doute que ça lui suffise mai là y a peut être quelque chose à exploiter.